RAID DARGA TROPHY : SOUTH BOLIVIA

Publié le par TINA + OLIVIER

 

Sans le savoir, nous avons abordé la Bolivie par son versant le plus sauvage, le plus hostile, le plus impressionnant, le plus physique.
Nous quittons l'Argentine à LA QUIACA et entrons en Bolivie quelques centaines de mètres plus loin à VILLAZON. Quelques hectomètres et quelques décennies séparent ces deux grands pays.

Ici, une dizaine de routards empruntent le même chemin que nous, ployant sous le poids de sacs à dos démesurés, alors que des milliers de boliviens transportent sur leur dos des sacs énormes, remplis de céréales ou de ciment, pour 2 bolivianos les 50kg (environ 20 centimes).

Après quelques heures de bus, nous voici à TUPIZA, point de départ de notre expédition en 4X4 vers UYUNI.

 TUPIZA - UYUNI : 1200 KM DE PISTE - 4 JOURS - ALTITUDE : 3000M A 5000M

Les participants : 6 touristes + 1 guide chauffeur + 1 cuisinière.

- Alberto : notre guide est un type formidable, un mécanicien hors-pair, un gars de confiance. Il raconte les histoires comme personne, notamment les légendes de mineurs qui font froid dans le dos. Lui-même est d'ailleurs intimement concerné par le sujet minier : il rentre dans la mine à l'age de 12 ans, en ressort à 24. Il devient alors ouvrier métallo, se blesse plusieurs fois au crâne, se voit interdire tout métier "physique". A 50 ans, il est aujourd´hui guide, et transporte des touristes avides de vide.
Un destin bolivien.
- Elisabeth : sa femme, fait des miracles culinaires avec presque rien, timide et souriante, notre mascotte.

- Diego : touriste québécois natif de Colombie, futur ingénieur en génie mécanique, seul rescapé gastrique
- Lisbeth : coiffeuse suédoise originaire de Göteborg
- Jaimie : new-yorkaise championne de course à pied
- Gaby : new-yorkaise végétarienne
- les Dargatour.

Tout ce petit monde prend place dans un Toyota d´âge mûr pour des destinations merveilleuses : des lagunes multicolores peuplées de flamands roses (ca schlingue un peu le flamand rose), des vallées entourées de volcans, des déserts rocailleux flamboyants, des geysers.
Approximativement 0,01 habitant au km2...Nous apercevons parfois un être humain : une petite indienne, le visage rongé par le soleil, les lèvres crevassées, elle vend des gants pour quelques bolivianos, reste au bord de la piste sous un soleil impitoyable dans l´attente du passage hypothétique d'un véhicule (1 par heure ?).
Une autre rencontre : nous nous arrêtons dans un hameau et engageons la conversation avec Maxima, une indienne à l'humour féroce, à l'oeil malicieux. 6 familles vivent ici, toute la terre est à leurs pieds; Maxima ne comprend pas que 62 millions de personnes puissent vivre dans un pays si petit, à peine la moitié de la Bolivie.

Nous prenons des médocs anti-sorotchi (maux liés à l´altitude), et pourtant notre expédition affichera un taux de 5 malades sur 6 touristes. Les premiers sont atteints dès le 2ème jour, les organismes se vident, les yeux sont vitreux. Quel est ce mal ? Sommes-nous maudits après notre passage par un village hanté (village de mineurs décimé il y a 300 ans, tentative de repeuplement il y a 8 ans pour rouvrir la mine d'or : toutes les familles meurent en 1 ou 2 ans). Brrrr! Quel talent de conteur, cet Alberto !
Nous logeons dans des dortoirs non chauffés par des températures extérieures négatives, sanitaires foireux, pas d'eau : une hygiène médiévale. Un autre 4X4 nous rejoint pour la nuit : il affiche un score de 6 sur 6.
Heureusement, Alberto connaît le remède contre ce qu'il appelle simplement un "coup de froid" : la Popusa, une herbe qui pousse vers 5000m et qui guérit en quelques heures ou quelques jours les plus atteints.


Pour ma part, je crois que la Bolivie se mérite : nous avons ainsi tous subi une sorte de mue intérieure. Notre revêtement gastrique d'occidentaux gâtés, tout en velours, acidulé, fragile, s'est endurci. Du velours au papier de verre, une mue aussi nécessaire que douloureuse.

Nous sommes tous en fin de compte éblouis et émerveillés par ce voyage au bout du vide et et au bout du bide.

 


Publié dans BOLIVIE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article