JOYAUX KHMERS

Publié le par TINA + OLIVIER

 

Arrivée nocturne à PHNOM PENH : notre driver est d'une bonne humeur contagieuse, son rire nous réconforte. Au dehors, le spectacle de la rue est saisissant : un éclairage urbain médieval, des rues grouillantes, des restos installés sur les trottoirs, une odeur de graille plutôt puissante. La découverte d'un nouveau monde se révèle toujours plus impressionnante et forte la nuit, a fortiori un monde khmer qui nous est totalement inconnu.
Aujourd'hui, bien sûr, nous n'en savons pas beaucoup plus. Mais l'essentiel est la : nous aimons le Cambodge et les khmers; ils sont autant de joyaux lurons extraits d'une mine sans fond, source mystique et ressource economique : les temples d'ANGKOR.

 

 

 PHNOM PENH

 



 

 

Nous habitons dans un hâvre de paix, planté en plein milieu de la fourmilière khmère. Bruyante et sale, elle est pourtant à des années-lumières de la honnie KL : les pieds bien plantés dans le XXème siècle, elle tourne résolument le dos à cette Asie high-tech construite sur des shopping-malls à l'atmosphere étherée. Ici, la vie semble authentiquement vécue, le rythme est lent, le tuk-tuk roule au ralenti, les sourires éclairent les visages khmers, parfois étrangement beaux. Sourire et pauvreté, également authentique, cohabitent, partagent la meme histoire.
Nous parcourons les rives du Mekong, brunâtre et assoupi. Chaleur torride et moiteur ? Une Angkor Beer s'impose : ici, les bières se servent principalement tièdes. La clim ? Elle diffuse une légère brise qui fait tomber la température a 29 degrés... dans notre chambre.

SIEM REAP

 Après 6 heures de bus VIP (chiottes + clim + hotesse + bouffe + boissons), nous débarquons à la gare routière de SIEM REAP. Des dizaines de chauffeurs de tuk-tuk nous sautent littéralement dessus en gueulant des prix et des noms d'hôtels. Ils se bousculent, se bouffent presque, nous étouffent : jamais vu ca, meme en Amérique latine. Quoique je dise ou fasse, ils sont de plus en plus nombreux; heureusement, nous mesurons 20 cm de plus que les locaux, sinon l'oxygène viendrait à manquer.
La-dessus, un espèce de khmer rouge nazillon oustachi sort une matraque qui balancent des décharges électriques bleutées sur la meute de chauffeurs, qui s'écarte pendant 1 seconde, avant de nous encercler de nouveau.
Bienvenue à SIEM REAP.
Un tantinet énervé le Darga. Je prends les 2 sacs, et nous nous extirpons tant bien que mal de la bruyante et collante meute : j'apercois alors un chauffeur a moitié endormi sur son bolide. Ce sera lui notre driver : le plus calme, le plus endormi, le plus cher, le moins commissionné par la mafia des guesthouses de Siem Reap qui payent en dollars les chauffeurs ramenant du gibier blond.
Après 500m de route, le chauffeur se gare sur le côté et sort un imperméable. 200m plus tard, le ciel s'ouvre et des millions de mètres cubes d'eau nous tombent sur la tronche. Heureusement, notre tuk-tuk est amphibie.             

Nous habitons au Green Village Palace, un oasis de verdure et de calme à 5 minutes du centre. Notre chambre est calme et confortable. Nos hôtes Sovkhorn et Davuth, originaires du bled, s'occupent de tout avec sérieux et amabilité. L'hôtel semble de plus assez ''sûr'' : à notre droite, un élevage familial de crocodiles (une vingtaine de betes, dont certaines de plusieurs mètres); nous les voyons de notre chambre, mieux vaut ne pas se tromper d'entrée en revenant de l'apéro... A notre gauche, un deuxième élevage de crocos, également en bonne santé et visiblement bien nourris.

 

 

 

  

 

Sovkhorn sera notre chauffeur de tuk-tuk pour la durée de notre séjour. Nous découvrirons les temples, confortablement installés à l'arrière. Il nous accompagnera également dans le village de pecheurs construit sur le lac TONLE SAP (qui couvre une grande partie du Cambodge) : un monde flottant d'une extreme pauvreté, une plongée dans la misère humaine à laquelle nous ne nous attendions pas. Des enfants flottent dans des bassines et pagaient vers les bateaux pour mendier. L'insalubrité règne. Nous apprenons qu'ici tout se mange quand la peche est mauvaise.
Le soir venu, de retour dans notre chambre feutrée, je me félicite d'avoir évité tout poisson et fruit de mer depuis notre arrivée au Cambodge : la grande majorité de ces produits provient du lac Tonle Sap et de son aquaculture.

Sympa le Sovkhorn, pro et sympa à la fois. Jusqu'au dernier jour où il a commis une erreur irréparable : il nous a amenés dans son club de snooker favori avec sa copine. Oubliant toute notion de courtoisie, il me bat à plate couture, en toute décontraction. J'ai failli bruler son tuk-tuk.

SIEM REAP ? Une chouette ville, pas vraiment finie, en plein boom touristique. Habitants sympas et souriants qui passent leurs journées à bouffer dans la rue et refaire le monde. En bons touristes, nous arpentons PUB STREET, un ghetto à blonds étonnamment assez sympa. Nous prenons notamment un abonnement chez Visa, alias Easy Speaking, dans lequel nous dégustons d'extraordinaires pizzas (notamment la House Special), arrosées d'excellents demis Angkor à 0,20 euros. De quoi nous retaper après nos temples quotidiens.

 

LES TEMPLES D'ANGKOR

 

La démesure, la magnificence et la beauté des temples khmers sont tout simplement foudroyantes. L'état de conservation de certains monuments est difficile à croire. Le temps semble avoir epargné les maisons des dieux. Seuls les diables rouges ont laissé des traces, décapitant des dieux et des déesses, sciant des sulptures pour acheter des armes et des mines.

Le mystère des sourires khmers est résolu : les Devatas et les Apsaras voluptueuses nous sourient avec sérénité. Elles nous accompagnent par milliers dans notre exploration.
ANGKOR WAT bien sûr, mais également TA PHROM, BAYON et PANTEAY SREI nous ont particulièrement émus.

Autour des temples, des milliers de khmers en chair et en os vendent des babioles, de la bouffe et des bouquins. Le livre est encore considéré ici comme un bien noble, un produit (soit) culturel qui peut intéresser les touristes : il y a plus de bouquins à vendre que de casquettes, T-shirts, ou sodas. Au menu, deux sujets principaux : l'histoire et la culture khmères, le génocide perpétré par les khmers rouges.
Je me laisse tenter par un livre traduit en francais, très nombreux ici : ''Ils ont d'bord tué mon père'', écrit par Loung Ung. Un récit autobiographique qui m'a profondément bouleversé, écrit avec amour et haine.
Quand j'ai fini ce bouquin et alors que je parcours les rives du Mekong à Phnom Penh, je ne peux m'empecher de penser que j'ai peut-etre croisé d'ex-khmers rouges. J'en ai froid dans le dos. Comment un si petit pays, meurtri à jamais, marqué par une impunité généralisée, peut-il survivre à ca ? Par quelle magie noire victimes et bourreaux peuvent-ils respirer le meme air ?


Nous reviendrons au Cambodge. En attendant, nous avons embarqué deux copines Devatas qui nous ont fait de l'oeil chez les Artisans d'Angkor, et qui nous rappelleront les beautés khmères.

 

Publié dans CAMBODGE

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